« La restauration peut être assimilée à la médecine »

« La restauration peut être assimilée à la médecine, le triptyque “prévention, soin curatifs et actes chirurgicaux” c’est à dire le contrôle du climat, les opérations simples, superficielles, courtes et souvent ponctuelles ([…] pose de bandes de tension au revers de la toile, refixage et revernissage) et les opérations profondes ([…] nettoyage profond et réintégration) ; comme en médecine des soins répétés sont préférables à la chirurgie et au traumatisme qu’elle entraîne. Comme en médecine, les méthodes scientifiques physico-chimiques d’examen et d’analyse sont indispensables. »

Ségolène Bergeon, Science et Patience, RMN, 1990

« La restauration peut être assimilée à la médecine, le triptyque “prévention, soin curatifs et actes chirurgicaux” c’est à dire le contrôle du climat, les opérations simples, superficielles, courtes et souvent ponctuelles ([…] pose de bandes de tension au revers de la toile, refixage et revernissage) et les opérations profondes ([…] nettoyage profond et réintégration) ; comme en médecine des soins répétés sont préférables à la chirurgie et au traumatisme qu’elle entraîne. Comme en médecine, les méthodes scientifiques physico-chimiques d’examen et d’analyse sont indispensables. »

Ségolène Bergeon, Science et Patience, RMN, 1990

C’est sur cette citation de Ségolène Bergeon, haute figure de la conservation-restauration en France, que j’ai souhaité ouvrir ce blog. Je voulais vous présenter le métier de conservateur-restaurateur sous un certain regard, celui du médecin face à son patient.

Examen, Diagnostic, Cause des pathologies, Traitement...

Afin d’établir un protocole d’intervention en conservation-restauration, un examen précis de l’œuvre est exigé. Il est ainsi nécessaire de définir la nature de chacun des constituants d’origine du tableau, ceux éventuellement rapportés, et examiner leur état de conservation actuel. C’est grâce à ces premières investigations que pourront découler un diagnostic précis des altérations observées et de leurs causes, ainsi que la prescription des traitements appropriés.

De la justesse d’analyse des éléments constitutifs de l’œuvre dépendra le choix des matériaux de restauration à utiliser afin de préserver l’intégrité de l’œuvre et les règles de stabilité des matériaux entre eux. Aux connaissances théoriques et empiriques du professionnel sur l’histoire des techniques de la peinture viennent s’ajouter des tests de réactions physico-chimique des matériaux aux tractions, à différents solvants, températures etc. afin de déterminer leur nature et les associations de traitements possibles ou celles à proscrire.

Aucun de ces examens scientifiques approfondis ne peut cependant se substituer à une observation « à l’œil nu » : c’est là le premier contact du restaurateur avec l’œuvre. Un œil exercé saura reconnaître dès la première rencontre les principales altérations de l’œuvre et déterminer l’axe principal de ses futures interventions. Une analyse plus poussée aux binoculaires avec faible agrandissement et aux différentes lumières viendront compléter l’examen et confirmer ou non les premières observations.

En outre, établir les causes de chaque altération observée est indispensable : remonter aux origines de l’altération permet de comprendre l’état actuel de l’œuvre et d’anticiper sur ses évolutions possibles, et de décider en conséquence du traitement approprié. Naturelles ou accidentelles, environnementales ou factorielles, actes de vandalisme, anciennes restaurations… les causes de détériorations d’un tableau sont nombreuses et impliquent, pour être déterminées, une bonne connaissance du vieillissement naturel des constituants d’une œuvre picturale, leur réactions physico-chimiques aux conditions climatiques, aux changements de température, à la lumière… et autres contraintes, ainsi qu’une bonne compréhension  des techniques de peinture.

Ainsi, tel un médecin face à son patient, le conservateur-restaurateur face au tableau doit définir tous ces éléments en amont lors un constat d’état détaillé afin de choisir correctement les matériaux à utiliser ainsi que l’ordre des opérations et des soins à prodiguer, mais aussi afin de parer à toutes contraintes non anticipées menant à des modifications de traitement en cours d’intervention.

Sources iconographiques

  • Ségolène Bergeon, « Science et patience » ou la restauration des peintures, Editions RMN, 1990 (réédition 1992)

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