Comme dans toute profession, le Conservateur-Restaurateur est soumis à un code déontologique, un cadre et des règles de conduite visant à établir un protocole d’intervention qui ne porte pas atteinte à l’intégrité historique, physico-chimique et esthétique de l’œuvre. A visée d’abord conservatoire puis esthétique, ses interventions doivent être minimalistes et trouver le juste équilibre entre ce qui relève de la conservation préventive, de la conservation curative et de la restauration. Des soins urgents, incontournables et invasifs à de simples mesures de  protection et de prévention, de la subjectivité d’un regard porté sur la question esthétique à l’objectivité et la neutralité du point de vue historique, le travail du conservateur-restaurateur se doit de répondre à des exigences complexes et indispensables pour assurer la sûreté et le respect de l’œuvre dans sa dimension matérielle, artistique et historique.

Pour comprendre les limites justes posées par ce code déontologique, fruit des réflexions sur la restauration moderne d’un panel de scientifiques et de professionnels du patrimoine, il faut se référer d’abord à Cesare Brandi dans son ouvrage Théorie de la Restauration de 1963, à la Charte de Venise qui en découle en 1964, puis aux recherches et aux règles définies notamment par Paul Philippot à l’ICCROM de 1971 à 1977 et bien-sûr à la Charte de l’ECCO dont voici extraits les plus grands principes :

DEFINITIONS DE LA RESTAURATION SELON CESARE BRANDI :

▪ « La restauration constitue le moment méthodologique de la reconnaissance de l’œuvre d’art, dans sa consistance physique et sa double polarité esthétique et historique, en vue de sa transmission aux générations futures. »

▪ « La restauration doit viser à rétablir l’unité potentielle de l’œuvre d’art, à condition que cela soit possible sans commettre un faux artistique ou un faux historique, et sans effacer la moindre trace du passage de l’œuvre d’art dans le temps. »

▪« […] le but essentiel de la restauration est non seulement d’assurer la subsistance de l’œuvre dans le présent, mais aussi sa transmission dans le futur : et puisque personne ne peut jamais être sûr que l’œuvre n’aura pas besoin, dans l’avenir, d’autres interventions, même simplement conservatives, il faut faciliter et non exclure d’éventuelles interventions ultérieures. »

Extraits de son ouvrage La théorie de la Restauration, 1963

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Photo de couverture, Théorie de La Restauration par Cesare Brandi, Editions Allia

LES TROIS GRANDES REGLES DE CONDUITE du Conservateur-restaurateur d'après les travaux de Cesare Brandi et de Paul Philippot

▪ Réversibilité« Toute solution apportée reste provisoire car elle doit pouvoir être enlevée à tout moment et sans risque pour la peinture d’origine. Il convient donc d’appliquer des produits réversibles. » 

▪ Stabilité« Stabilité des matériaux dans le temps et des matériaux entre eux. » 

▪ Lisibilité« Redonner une unité esthétique à l’ensemble de l’œuvre afin d’éviter les discontinuités visuelles qui pourraient gêner la lecture du sujet iconographique. »

Extraits du Code d'Ethique de l'ECCO (European Confederation of Conservator-Restorers' Organisations)

▪ Article 3 : « […] Le Conservateur-Restaurateur peut refuser en toute circonstance une requête qui lui semble contraire aux règles ou à l’esprit du code d’éthique. […] »

▪ Article 5 : « Le Conservateur-Restaurateur doit respecter la signification esthétique et historique et l’intégrité physique des biens culturels qui lui sont confiés. »

▪ Article 9 : « Le Conservateur-Restaurateur doit chercher à n’utiliser que des produits, matériaux et procédés qui, correspondant au niveau actuel des connaissances, ne nuiront pas aux biens culturels ni à l’environnement et aux personnes. L’intervention et les matériaux utilisés ne doivent pas compromettre, dans la mesure du possible, les examens, traitements et analyses futures. Ils doivent également être compatibles avec les matériaux constitutifs du bien culturel et être, si possible, facilement réversibles. »