Depuis le XIXème siècle, l’évolution des techniques scientifiques mises à disposition de la Conservation-Restauration d’œuvres d’art permet aux professionnels une analyse approfondie de l’œuvre et de sa stratigraphie. De l’examen sous microscope à la radiographie, en passant par la simple observation en lumière tangentielle, des données essentielles sur les composants de la matière picturale et son état de conservation actuel sont récoltées afin d’aider à établir un diagnostic juste. De plus, l’utilisation de la photographie permet, outre le grossissement de l’objet avec des appareils et fonctionnalités dédiés en macro et microphotographie, de conserver un enregistrement de l’examen technologique et ainsi une trace matérielle et visuelle des différentes étapes des travaux de restauration menés sur une œuvre.

Quelques Exemples...

... Dans le visible

LUNETTES LOUPE BINOCULAIRES

Loupe d’un faible grossissement jusqu’à x3.5, elles permettent au professionnelle une première observation « à l’œil nu » magnifiée de la facture de l’artiste, des constituants de l’œuvre (contexture de la toile, épaisseur de la couche picturale…), des altérations… D’après ce premier examen superficiel seront décidées la nécessité d’analyse plus approfondies et leurs cibles. 

LUMIERE TANGENTIELLE

Une lumière orientée latéralement dans un angle de 20° à 30° permet de mettre en évidence l’état de surface de l’œuvre et les défauts de planéité comme des déformations, des plis, des soulèvements de matières ainsi que l’étendue et la forme des réseaux de craquelures. 

MACROPHOTOGRAPHIE/PROXYPHOTOGRAPHIE 

La macrophotographie est une technique de photographie permettant un grandissement de l’objet photographiée allant d’un facteur de 1x à 10x, en lumière naturelle ou artificielle. Elle est utilisée pour concentrer l’attention sur des détails presque imperceptibles à l’œil nu. Elle rend compte de l’état de surface de la couche picturale et du support, et met en évidence non seulement les altérations et les repeints mais également l’écriture du peintre. Comme toutes les techniques photographiques, elle permet d’étayer la documentation des interventions et de témoigner de l’état de dégradation de l’œuvre avant sa restauration. 

La proxyphotographie, ou “gros-plan”, permet un grandissement allant de facteur 0,1x à 1x. Elle est aujourd’hui dans l’usage courant associée à la macrophotographie qui se définirait alors comme simple grandissement de l’image photographiée par rapport à la taille réelle de l’objet et restant “visible à l’œil nu” à la différence de la microphotographie qui ouvre sur “l’invisible”.

...Dans l'invisible

RAYONS ULTRA-VIOLETS

lumière ultra-violette
Portrait de Louis XV, Détail sous lumière UV, Collection privé Château de St Bonnet Les Oules (Association Muses & A.R.T.)

Les matériaux de la peinture émettent une fluorescence différente sous lumière ultra-violette selon la nature de leurs composant et leur ancienneté. Cet examen permet notamment de discerner la présence d’un ou de plusieurs vernis et de ses inégalités de surface, et d’éventuels repeints et ainsi de témoigner d’anciennes altérations et interventions de restauration.

Pour être discernable sous rayons UV, les repeints, couches de peinture posée postérieurement à la création du tableau, doivent avoir été appliqués dans un temps plus éloigné de celle-ci que de l’époque actuelle et dans une période inférieure à 150 ans. Ils émettent alors une fluorescence différente de celle de la couche colorée d’origine en raison de leurs deux temporalités distinctes et du décalage dans le vieillissement de leurs matériaux, et apparaissent sous forme de tâches opaques sombres. Si des repeints sont trop anciens et plus proches de la date de création de l’œuvre que de l’époque actuelle, ils présenteront visuellement sous cette lumière un état de dégradation identique et donc une fluorescence similaire.

lumière ultra-violette
Portrait de Louis XV, Détail sous lumière UV, Collection privé Château de St Bonnet Les Oules (Association Muses & A.R.T.)

MICROPHOTOGRAPHIE

Il s’agit d’une technique de photographie associée à une observation de l’image sous microscope et permettant un grandissement de l’objet à un facteur supérieur à 10x pouvant aller jusqu’à 1000x voire 40000x. Elle permet l’analyse d’éléments imperceptibles à l’œil nu et peut donner des informations importantes sur les constituants de l’œuvre même à son grandissement le moins fort. Pour permettre cette documentation, un videomicroscope peut être utilisé, ou un appareil photographique associé à une micro-loupe optique, pour un facteur de grandissement allant de 60x à 200x.

Tests de sensibilité...

…DES FIBRES DE LA TOILE A L’HUMIDITE ET AUX FORCES DE TRACTION

La sensibilité de la toile aux variations hygrométriques et aux contraintes physiques est inhérente non seulement à son tissage et sa contexture, mais aussi et à fortiori à sa nature. Déterminer celle-ci est indispensable à la bonne compréhension de l’évolution du support et de sa dégradation et ainsi de ses conséquences sur la couche picturale. Cette information entre aussi en considération dans le choix des matériaux à utiliser lors des interventions de conservation notamment en ce qui concerne les adhésifs. La cellulose est le principal agent responsable du vieillissement du support végétal et sa teneur dépend de la nature des fibres : le coton est, par exemple,  le matériau au taux de cellulose le plus concentré après le bois (pour les supports à peindre) et de fait le plus fragile aux conditions climatiques, là où le lin présente une meilleure résistance générale aux variations hygrométriques et aux contraintes mécaniques, tout en restant sujet à dégradation.
Les résultats obtenus peuvent être comparés aux données connues sur l’utilisation des matériaux de la peinture à travers les siècles.

 

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